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Rendez vos jouets ! Atteinte à la dignité des malades : après « Nazo », les « Schyzos » ?

Publié par Documentissime le 21/10/2010 | Lu 12130 fois | 1 réaction

Vous connaissez les « Skyzos » ? Non ? Normal, c'est plutôt pour les enfants ! Ce sont des figurines en plastique, produites par Panini, qui s'échangent dans les cours de récré. Le « Skyzo » a deux facettes : un coté « bad » et un coté bon. Les associations de familles de malades de schizophrénie crient au préjugé de Docteur Jekyll et Mister Hyde, et dénoncent une atteinte à la dignité des malades. La société qui a commercialisé les jouets déclare elle « ne jamais avoir pensé » à la maladie. Rendez-vous cet après-midi entre le président de l'association et Panini France.

« Polémique: les schizos contre les Skyzos » (Le Parisien)

Les Skyzos sont de petits personnages en plastique. Ces jouets, commercialisés par Panini, s’échangent dans les cours de récré.

Le Skyzo a deux personnalités : une mauvaise et une bonne. « Le côté bad du Skyzo, celui qui se montre méchant, malveillant, apparaît lorsqu’on voit le signe – (moins)  sur sa tête. Le côté bon du Skyzo, celui qui se montre doux, sympa et tendre, apparaît lorsqu’on voit le signe + (plus) sur sa tête» selon Skyzos.com.

Pour rappel, la schizophrénie est une psychose qui se manifeste par la désintégration de la personnalité, et par la perte du contact avec la réalité. La maladie est souvent caricaturée comme une double personnalité. Un préjugé illustré par le jouet selon les associations de familles de schizophrènes.

L’Unafam (Union nationale des amis et familles de malades psychiques) et Schizo espoir ont mis en demeure Panini France de « retirer immédiatement ses produits » de la vente.

Jean Canneva, président de l’Unafam, s’exprime sur ce sujet : « la schizophrénie est une maladie qui fait énormément souffrir. Nous ne pouvons pas admettre que des jouets se moquent d’une maladie qui mène parfois au suicide ». Il caricature : « Une fois de plus, on relie la schizophrénie à l’idée fausse du Dr Jekyll et de Mr Hyde ! (…) On ne joue pas avec une maladie aussi grave ».

Le président de l’association est décidé à «aller jusqu’au bout».

Pour Panini, les Skyzos sont simplement « des petits monstres destinés aux cours de récréation qui reposent sur le principe vieux comme le monde du bon et du mauvais ». Leur nom proviendrait du verbe italien « schizzare », « faire rebondir », prononcé « skaïzosse » à l'anglaise.

Pour Bruno Guillen, directeur marketing et communication de Panini France, « cela n’a aucun rapport avec la maladie ».

La marque se dit « très embarrassée » et « comprend ce que peuvent ressentir les familles ».

Cet après-midi, un entretien doit avoir lieu entre PDG de Panini France et le président de l’Unafam. « On va discuter avec eux de la meilleure façon de sortir de ce problème. Mais il faut comprendre qu’il y a aussi des clients qui ont commencé leur collection de figurines».

Un précédent : Nazo le schizo

Dans un arrêt du 24 novembre 2004, la Cour d’Appel de Versailles a condamné une société qui avait commercialisé un jouet nommé « Nazo le schizo » pour atteinte à la dignité des malades.

Une société avait commercialisé une peluche parlante destinée aux enfants de 1 à 11 ans, représentant un singe, présentée dans un carton portant les mentions « Nazo le Skizo », « Skizo comme Yves Lecoq » et faisant référence à cet animateur.

« Nazo le schizo » reproduisait la voix de quinze personnalités connues interprétée par Yves Lecoq et pouvait être, tour à tour, « tendre », « grognon » ou « joueur » selon le capteur sur lequel on appuyait.

Des associations de malades et de familles de malades estimaient que la peluche constituait une atteinte à la dignité des malades atteints de schizophrénie.

En référé, le Tribunal de Grande Instance avait conclu que le jouet « Nazo le Skizo » constituait une atteinte à la dignité des malades atteints de schizophrénie, et ordonné à la société d’en arrêter la commercialisation et de retirer ou faire retirer de la vente tous les jouets déjà commercialisés.

La société avait sollicité en appel l'infirmation de l'ordonnance. Pour elle, la peluche ne portait pas atteinte au droit des malades et/ou des personnes.

(…) la société OUAPS FRANCE soutient que la peluche litigieuse ne constitue, ni dans sa présentation, ni dans sa configuration, ni dans les paroles qu'elle prononce lorsqu'elle est sollicitée, une "stigmatisation dégradante", pour les malades atteints de schizophrénie ; qu'elle se présente d'allure générale, sympathique, au caractère amusant, dans différentes postures nullement dégradantes ; Que ni la maladie de la schizophrénie, ni les malades atteints de cette pathologie ne sont mis en scène ou visés directement ou indirectement ; Que le terme "skizo" est employé dans son sens courant que tout le monde peut comprendre pour décrire le caractère amusant de la peluche aux "humeurs changeantes" et nullement pour viser les malades atteints de schizophrénie et encore moins pour les stigmatiser ; que l'expression "Nazo le Skizo", ne désigne que la peluche et Yves Lecoq et nulle autre personne ; qu'elle ajoute n'avoir jamais eu l'intention de provoquer ni de heurter quiconque en prénommant sa peluche "Nazo le Sckizo" ;

La Cour d’appel a confirmé l’atteinte à la dignité de la personne sur le fondement de l’article 16 du code civil :

Mais considérant que le droit à la dignité de la personne humaine est notamment consacré par l'article 16 du Code Civil aux termes duquel : "La loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci..." ; Considérant, en l'espèce, que la peluche "Nazo le Skizo" se présente sous la forme d'un animal comparable à un singe ; qu'il est qualifié de "Nazo", (en référence, semble-t-il au nasique, espèce particulière de singe) ; que cette qualification, a, incontestablement, une connotation péjorative puisqu'elle signifie dans le langage familier, "en mauvais état", "fichu" ; que l'association de ce qualificatif péjoratif au mot "schizo" qui renvoie directement à la schizophrénie a pour effet de stigmatiser le malade atteint de schizophrénie en l'associant à un animal dont les "humeurs" sont traduites par quinze voix différentes dès que l'on presse sur les capteurs contenus dans le corps de la peluche ; Considérant ainsi que l'a justement estimé le premier juge que l'accolement des mots "Nazo" et "Schizo" constitue une moquerie ayant pour effet de provoquer à l'encontre des malades atteints de schizophrénie une phénomène de dérision et de discrimination et constitutif comme tel d'une atteinte à leur dignité en contravention avec les dispositions de l'article 16 du Code Civil ;

Et condamné la société qui avait commercialisé « Nazo le schizo ».


Les derniers commentaires (1)
Bergen a écrit le 24/10/2010 à 19:18:06
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Voici le communiqué officiel de PANINI suite à votre article

"Devant l'émoi suscité par la commercialisation du concept "Skyzos", Panini tient à assurer qu'il n'a jamais été question, à aucun moment, de blesser ou stigmatiser qui que ce soit à travers un produit conçu pour de jeunes enfants.

Panini défend des valeurs fortes de respect et de partage depuis plusieurs décennies, et ne peut rester insensible à la souffrance exprimée par plusieurs familles.

C'est pour cette raison, et malgré les nombreux messages de soutien reçus, que Panini France a décidé de retirer le produit SKYZOS du marché.

Nous donnons rendez vous à nos fidèles collectionneurs sur bien d'autres thématiques." PANINI FRANCE

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