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Instigateurs de la banderole anti-cht'is : bienvenue sur les bancs du Tribunal !

Publié par Julie TROUPEL le 02/12/2010 | Lu 6901 fois | 0 réaction

Existe-t-il une zone de non droit dans nos stades français ? La virulence de certains propos, tenus au cours des matchs de foot, fait-elle partie du jeu ? La ferveur populaire propre au football excuse-t-elle des discours à teneur raciste et discriminatoire ? Autant de questions auxquelles le Tribunal correctionnel de Bobigny sera tenu de répondre à l'issue du procès tenu aujourd'hui et demain à l'encontre de cinq supporters du PSG. En effet ces derniers sont traduits devant la justice pour avoir déployé en 2008, lors d'une finale de la Coupe de la Ligue Paris SG-Lens, une banderole injurieuse portant le message haineux suivant : « Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch'tis ».

Ce sont cinq supporters du PSG, âges de 22 à 32 ans, pour certains étudiants et pour les autres agent, technicien de la SNCF et conducteur de train, qui siègeront sur le banc de la défense aujourd’hui et demain, à la 14ième chambre du Tribunal correctionnel de Bobigny, pour des faits de : « provocation à la haine ou à la violence lors d'une manifestation sportive ».

Face à eux, il y a du monde en partie civile, ce sont en effet constitués partie civile :

  • Les villes de Lens et Lille,
  • La région Nord-Pas-de-Calais,
  • La fédération française de football (FFF), le Stade de France,
  • La ligue de football professionnel,
  • Le PSG et le Racing club de Lens.

Peu importe les résultats du match de la coupe de la ligue Paris-SG-Lens, les faits ne sont pas glorieux ….

Au cours de ce match, les cinq prévenus, espérons-le, abusés par leur propre ferveur de supporter et donc pas conscients de leur malveillance malsaine, ont déployé dans la tribune des supporters parisiens, pendant 3 minutes en début de seconde mi-temps, une banderole de plusieurs mètres de long, dénigrant de façon violente les gens originaires du Nord de la France.

L’arme du délit, à savoir la banderole avait été préparée la veille du match et introduite dans le stade de façon dissimulée, sous les vêtements des supporters.

« Simple blague », « second degré », telles ont été les excuses employées par certains des prévenus pour expliquer leur geste. Ainsi, ces derniers ne semblent pas avoir conscience de la portée de leur comportement répréhensible.

La France entière sous le choc

Le président  Nicolas Sarkozy lui-même avait déclaré à l’époque avoir été outré et indisposé par la banderole litigieuse.

Dans l’opinion publique les vives réactions étaient d’autant plus nombreuses que la plupart de français s’était peu avant pris de passion pour la communauté des cht’is, grâce au film à succès de Dany Boon, intitulé « Bienvenue chez les cht’is ».


Que risquent les supporteurs parisiens ?  

Depuis la 3 février 2003, dite « loi Lellouche », étendue par la loi du 9 mars 2004, les violences raciales et discriminatoires exercées dans les stades peuvent être considérées comme des circonstances aggravantes de certaines infractions, telles que les violences.

Par ailleurs, depuis la loi du 16 juillet 1984, le Code du sport sanctionne plusieurs comportements à connotation raciste.

Ainsi, le fait de provoquer des spectateurs à la haine ou à la violence dans une enceinte sportive ou à l’occasion d’une manifestation sportive, est sanctionné par des amendes et des peines alternatives à l’emprisonnement (sursis, sursis avec mise à l’épreuve, travail d’intérêt général, l’interdiction de se rendre dans un stade).

Par ailleurs les infractions de diffamation et injures publiques en raison de l'origine ou de l'appartenance ethnique, raciale ou religieuse et de provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale sont, quant à elles, réprimées par la loi du 29 juillet 1881, loi sur la liberté de la presse.

A noter qu’au sein des parquets de Paris, Bobigny et Marseille, un magistrat assure une permanence dans les stades lors des matchs, dits matchs « à risque ».

Cette présence dans l’enceinte du stade permet une information en temps réel du magistrat « debout » et une appréciation rapide de la réponse pénale à apporter eu égard aux évènements, dont le magistrat a été témoin.


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