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Deux anciens ministres portent plainte contre le jeu de la mort

Publié par Documentissime le 21/04/2010 | Lu 6789 fois | 0 réaction

Deux anciens ministres socialistes, Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès, ont décidé de porter plainte contre les auteurs du documentaire « le Jeu de la mort », diffusé par France 2, en prime time, le 17 mars dernier. Ces deux anciens membres du gouvernement dénoncent une incitation à la violence.

L’émission « le jeu de la mort »

Pour rappel, le créateur de ce documentaire, Christophe Nick, s’est inspiré des travaux de l'Américain Stanley Milgram, chercheur en psychologie sociale, afin de mesurer l’emprise du télévisuel sur les esprits.

Les candidats, présents sur le plateau pour la réalisation du pilote d’un jeu télévisé, ignoraient qu’ils participaient en réalité à une expérience scientifique. Leur mission consistait à questionner un autre candidat, qui était en fait un comédien, sur la mémorisation d’associations de mots.

A chaque erreur, le candidat-questionneur devait infliger au candidat-comédien des décharges électriques, de plus en plus violentes au fur à mesure des erreurs (de 20 à 460 volts). Ces décharges étant bien évidemment factices, ce que les participants ignoraient.

Le but de ce documentaire était de dénoncer les dérives de certains programmes télévisés, ainsi que l’emprise télévisuelle sur nos consciences.

L’émission souhaitait démontrer que, sous la pression psychologique de la télévision, les participants obéissaient à des ordres auxquels ils répugnaient.

Une plainte pour « provocation directe à la commission d’atteintes volontaires à la vie et à l’intégrité de la personne » 

Les deux anciens ministres se sont dits scandalisés par ce documentaire. Ils considèrent d’ailleurs le résultat de l'émission plus que discutable. Selon eux, l’émission, dont le but premier était de dénoncer les dérives insupportables de la télévision aurait produit un effet inverse.

Ils accusent les auteurs d’avoir incité les candidats à commettre des actes de torture. Toujours selon leurs propos, ils qualifient même ce reportage « dénué de tout intérêt scientifique ».

Face aux critiques concernant le dépôt de cette plainte, ils se défendent de vouloir porter atteinte à la liberté d’expression et de création.

Leur action se veut être en réaction aux limites de ce que l’on peut montrer la télévision, même au nom d’intentions louables.

En effet, ils redoutent une banalisation de la violence pouvant conduire à des extrémités redoutables.

Leur démarche devant la justice est, selon eux, la seule répression possibles aux actes de violence.

La plainte vise à la fois l’auteur et les réalisateurs du documentaire, ainsi que le directeur des programmes de France Télévisions.

Ce qui choque

Ainsi, Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès fondent la plainte principalement sur trois points.

Tout d’abord, ils réprimandent la méthode utilisée. En effet, selon eux, le documentaire aurait employé les procédés les plus choquants de la téléréalité, ceux-là même qu’il entendait dénoncer.

A cet argument, les producteurs de l'émission rétorquent avoir voulu créer un « électrochoc ». Sur ce point, tout semble question d’interprétation. Ainsi, pour certains, la fin peut justifier les moyens.

C’est d’ailleurs en démontrant les dérives de la téléréalité, poussée à un certain paroxysme, que ses déboires deviennent évidents.

L’on peut alors s’interroger sur le bien fondé d’une telle action en justice. Car les auteurs de l’émission comme les plaignants en sont arrivés à la même conclusion. Les dérives de la télévision sont insupportables. Certes les moyens employés pour alerter sur cet état de fait ne sont pas semblables, cependant les desseins des deux parties semblent identiques.

Ainsi, ne se serait-on pas présentement trompé d’adversaire ?

Ensuite, les anciens ministres accusent directement France 2, chaîne de service public, d’avoir elle-même porté atteinte à son éthique ainsi qu’à sa charte.

En effet, la Charte de l’antenne dispose en son chapitre 2, intitulé «La responsabilité du diffuseur », qu’ « En règle générale, France Télévisions "s’abstient de diffuser des programmes susceptibles de nuire à l’épanouissement physique, mental ou moral des mineurs. A ce titre, la société s’abstient de diffuser des programmes comprenant des scènes de pornographie et de montrer, notamment dans les journaux télévisés, le spectacle de la violence pour la violence" ».

Ce reproche fait par les anciens membres du gouvernement peut paraître limité. En effet cet article évoque précisément un « spectacle de la violence pour la violence ». Or tout l’intérêt de cette émission, que la méthode utilisée soit partagée par tous ou non, était de démontrer les dérives télévisuels.

S’il y a donc violence, on ne peut pas défendre qu’il s’agisse d’un spectacle de violence gratuite.

Enfin, les deux détracteurs du documentaire regrettent que l'émission ait été diffusée à une heure de grande écoute, touchant de ce fait un large public.

Cependant à cette accusation, il est nécessaire de rétorquer que France 2 avait pris ses dispositions, puisque le programme était interdit au mois de 12 ans.

A titre d’information, le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) impose aux chaînes de télévision, depuis 1996, un système commun de classification des programmes, dénommé « la signalétique jeunesse ».

Ainsi, la représentation ou l'évocation de thèmes pouvant choquer les plus jeunes, mais qui ne saurait être censurée à la télévision,  a été averti par l’emblème -12 lors de la diffusion du documentaire.

Si la méthode employée ne fait pas l’unanimité, le fond du débat reste le même. Et il semble nécessaire de rappeler que l’objectif de ce documentaire demeure celui de dénoncer les dérives de certains programmes télévisés, à une époque où la télévision prend une place de plus en plus importante dans la vie des Français.


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