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Blanc et Joyandet démissionnent : une stratégie pour détourner l'attention de l'affaire Woerth ?
Alain Joyandet et Christian Blanc ont fait savoir qu'ils remettaient leur démission en raison des critiques persistantes sur leur comportement au regard des dépenses publiques. Il est reproché au premier d'avoir loué un jet privé pour un voyage en Martinique pour la somme de 116.500 euros aux frais du contribuable, et au second d'avoir fait régler par le Trésor public des factures d'un total de 12.000 euros pour des cigares. Sans attendre le remaniement, prévu en octobre, les deux membres du gouvernement ont remis leur démission, un geste destiné à tourner la page des « affaires » qui embarrassent actuellement le gouvernement. La presse dénonce en revanche une décision prise dans le seul but de faire oublier l'affaire Woerth/Bettencourt. Il n'est donc pas assuré que ces démissions apaisent la polémique entourant l'actuel ministre du Travail.
Des démissions bienvenues
Les démissions de Christian Blanc et Alain Joyandet font suite à deux affaires retentissantes qui ont éclatées ces derniers mois, mettant en cause les dépenses excessives des deux secrétaires d’Etat. Christian Blanc, secrétaire d’Etat au Grand Paris, avait été critiqué après que le Canard enchaîné ait révélé que son cabinet avait acheté pour 12.500 euros de cigares en dix mois.
Souhaitant faire taire la polémique, il avait indiqué avoir remboursé la somme correspondant à sa consommation personnelle. François Fillon le désavoua le 23 juin, en lui demandant d’honorer « la totalité de la dépense sur ses deniers personnels ».
Le Canard enchaîné a révélé par la suite qu’Alain Joyandet, secrétaire d’Etat à la Coopération s'était « bétonné un permis de construire illégal » pour agrandir sa villa de Grimaud dans le Var. Alain Joyandet a alors annoncé sur son blog qu'il préférait « renoncer » à ce permis de construire, une décision qui a sonné comme un aveu. Il lui est également reproché de s’être rendu en jet privé en Martinique en mars dernier à une conférence sur Haïti, ce qui avait coûté 116.500 euros. Il avait alors justifié cette dépense par des impératifs de calendrier.
Du côté de la majorité, la décision est bien accueillie car, Nicolas Sarkozy et François Fillon auraient souhaité la démission des deux secrétaires d’Etat.
Ce week-end, le conseiller spécial du chef de l'Etat Henri Guaino rappelait que « les comportements de tous les responsables publics doivent être exemplaires. Ceux des ministres en particulier ».
A Gauche, les décisions sont également saluées, même si elles sont jugées insuffisantes. « Ce sont des démissions sur commande », a critiqué sur France-Info Noël Mamère, député-maire (Vert) de Bègles. « Enfin, le président de la République et le Premier ministre ont pris la mesure des dégâts qu'ont entraînés les attitudes de ces ministres. Il en reste encore d'autres ». Sur France-2, le député (PS) de Seine-Saint-Denis Claude Bartolone n'a vu dans ces deux démissions que « quelques gouttes de cohérence dans un océan d'incohérence ».
Selon le communiqué de l'Elysée, les « fonctions » de Joyandet seraient désormais « exercées » par Bernard Kouchner, et celles de Blanc par Michel Mercier, ministre de l'Espace rural et de l'Aménagement du territoire.
64% des français estiment que la classe politique est plutôt corrompue
Selon un sondage Viavoice pour Libération effectué les 1er et 2 juillet 2010 par téléphone auprès d'un échantillon de 1.005 personnes âgées de 18 ans et plus, 64% des Français jugent leur classe politique est corrompue, seuls 29% d'entre eux les tenant pour honnêtes.
Si les français semblent très touchés par les affaires actuelles, ce score s’inscrit dans une perspective de baisse de confiance des français envers leurs politiques. L'institut de sondages Sofres, qui pose une question similaire depuis 30 ans, donnait un chiffre de 38% en 1977, 46% en 1990 et 58% en 2002.
Dans le sondage Viavoice, les hommes politiques semblent ainsi payer le prix des affaires qui ont fait trembler le gouvernement français ces derniers temps. Mais pour 75% d'entre eux, les mesures de réduction du train de vie de l'Etat sont insuffisantes. Et pourtant il n’y aura pas d’autre démission pour l’Elysée, malgré les récentes polémiques concernant les logements de fonction de certains ministres ou leur train de vie couteux. Contactés par Le Parisien, ni Rama Yade, qui se défend de toute « turpitude » et regrette les « amalgames », ni Fadela Amara n’envisagent de présenter leur démission. Christian Estrosi n’est pas non plus menacé.
Faire oublier l’affaire Woerth
La presse ne se laisse pas berner ce matin. Pour les journalistes, l’Elysée fait le pari que le départ de Christian Blanc et d’Alain Joyandet enlèvera un peu de la pression qui pèse sur Eric Woerth, trempé dans l’affaire Bettencourt.
La position des journalistes pourrait bien infléchir l’effet recherché par le gouvernement. En effet, la critique de ces démissions par la presse met au grand jour cette manœuvre destinée à tourner la page de l’affaire Woerth.
Une source gouvernementale aurait corroboré cette hypothèse en déclarant « Tout ça, c'est un écran de fumée pour protéger Woerth », selon l'AFP. Le gouvernement, par la voix de sa secrétaire d'Etat à l'Economie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, se défend de tout amalgame : « dans les cas de Christian Blanc et Alain Joyandet, ils ont été mis en cause sur une mauvaise utilisation des deniers de l'Etat. Dans le cas d'Eric Woerth, ça n'a rien à voir, on empile des faits les uns sur les autres pour en faire des soupçons et, sur la base de soupçons, on condamne (...) et en plus là c'est fait » pour « un motif politique ». Reste à savoir si les français auront la même opinion…