Prisons : la Cour des comptes tire la sonnette d'alarme

Publié par Clément STIEVET le 21/07/2010 | Lu 7004 fois | 1 réaction

La Cour des comptes a rendu public, mardi 20 juillet, un rapport le thème « Le service public pénitentiaire : Prévenir la récidive, gérer la vie carcérale » dans lequel elle pointe les difficultés rencontrées par les prisons françaises en matière de santé et de formation professionnelle des détenus. D'après le rapport, l'état de santé est dégradé par l'incarcération et la formation professionnelle connaît de fortes lacunes à cause d'une offre réduite. La Cour des comptes a établi une liste de 28 recommandations, dont 16 sont prioritaires, pour que le service public pénitentiaire gagne en « efficacité » et en « dignité » et ainsi qu'il « supporte mieux » les comparaisons internationales.

La santé en prison pointée du doigt

Dans son rapport, la Cour des comptes estime que l’offre de soins psychiatriques est bien inférieure à la demande. Même si d’ici à 2012, neuf unités hospitalières pour malades mentaux devraient prendre en charge 600 prisonniers. Le rapport estime que ces nouvelles structures sont insuffisantes car «un tiers des détenus devrait normalement bénéficier d’une surveillance psychiatrique», selon M. Pichon, président de chambre à la Cour des comptes.

En outre, le vieillissement de la population carcérale n’est pas pris en compte par les prisons. L’accueil des personnes en fin de vie ou en situation de dépendance n’est aujourd’hui pas assuré.

La cour recommande notamment, afin d’améliorer la santé des prisonniers, de mettre en place un suivi périodique de l’état de santé des détenus à différentes étapes de leur séjour pénitentiaire, d’améliorer la prise en charge des personnes dépendantes et ainsi que la collecte des déchets, et de renforcer le nettoyage des établissements.

La formation professionnelle délaissée

Le rapport recommande également d’améliorer la formation professionnelle au sein des prisons. Si « le code de procédure pénale institue aujourd’hui un droit au travail pour la population pénale et fixe à l’administration une obligation de moyens en vue de procurer une activité professionnelle aux détenus qui en font la demande (…), moins de 19 000 personnes détenues auraient exercé une activité professionnelle en détention en 2008 », indique le rapport.

« Le travail est un acteur de socialisation important. Cela permet de s’occuper le corps et l’esprit. Aujourd’hui, la majorité des détenus vont, viennent et végètent » précise Jean-François Forget, secrétaire général de l’UFAP, le principal syndicat de gardiens de prisons. Or, en 2008, le taux d’activité rémunérée dans les établissements pénitentiaires s’établissait ainsi à 36,4 % de la population écrouée, selon le rapport. La cause, pour la Cour des comptes, est à chercher dans le décalage important entre offre et demande de travail, dû en partie à la mauvaise conjoncture économique.

Pour pallier la situation, la Cour a notamment demandé des « investissements techniques et des formations qualifiantes » pour acquérir des compétences et mieux préparer les détenus à la vie hors des murs.

L’éternel problème de la surpopulation carcérale

Le rapport rappelle également l’éternel problème de la surpopulation carcérale en France causé, ces dernières années par l’accroissement des peines d’emprisonnement ferme. Le taux national de densité, qui était de 118,9% au 1er janvier 2005, n’a cessé d’augmenter en début de période, pour atteindre un pic à 126% à l’été 2008. Ainsi en 2008, la France se trouvait ainsi au 24ème rang sur 27 parmi les Etats de l’Union en termes de densité carcérale.