Luc Chatel lance trois grands chantiers dans les Etablissements scolaires de réinsertion

Publié par Documentissime le 23/11/2010 | Lu 7523 fois | 0 réaction

La nouvelle politique du gouvernement est simple : là où il y a des « incidents », le gouvernement « assume » et « en tire des leçons ». C'est en ce sens qu'hier, le Ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, reconduit dans ses fonctions, a conclu son discours devant la dizaine de Directeurs des Etablissements de réinsertion scolaire (ERS). En effet, suite aux récents évènements ayant marqué ces établissements, avec notamment l'exclusion de huit élèves dans un ERS de la Manche, Luc Chatel s'est voulu réactif et a convoqué hier les onze ERS. Le ministre souhaite améliorer le fonctionnement de ces établissements et pour ce faire, a lancé hier trois grands chantiers.

Incidents dans les ERS : le gouvernement « assume »

Le semaine du onze novembre, des incidents sont survenus dans un établissement scolaire de réinsertion de la Manche et ont conduit à l’exclusion de 8 élèves perturbateurs venus de Bobigny, en Seine-Saint-Denis.

Le mardi 9 novembre, cinq autres élèves avaient été exclus d’un collège de réinsertion de Craon, en Mayenne. Ces élèves s’en étaient pris à d’autres élèves de l’établissement.

Force est de constater qu’à peine arriver dans l’établissement de réinsertion, les élèves dits perturbateurs se rendent déjà auteurs de violences, comme dans leur collège d’origine…

 « Ici ou là, nous avons rencontré quelques incidents, que nous assumons, et il faut en tirer des leçons » a déclaré hier le Ministre Luc Chatel, aux responsables des Etablissements de réinsertion scolaire, qui ont fait leur première rentrée scolaire en septembre 2010.

Mais Rome ne s’est pas construite en un jour, et Luc Chatel semble être conscient de la difficulté pour certains jeunes de se réinsérer : « Cette politique va nécessiter du temps pour obtenir des résultats. Qui va imaginer que des élèves perturbateurs deviennent assidus du jour au lendemain ? »

Toutefois, en aucun cas l’idée de la création des Etablissements de réinsertion scolaire a été remise en cause ; il faut seulement en améliorer le fonctionnement.

Selon Eric Debardieux, président du conseil scientifique des états généraux de la sécurité à l'école, les incidents constatés au sein des ERS vont permettre à ces derniers de se perfectionner : « Il y a eu des erreurs au départ, des cas où l'arrivée sur le terrain n'avait pas vraiment été préparée. C'est l'occasion de faire quelque chose de plus positif ».

ERS : trois chantiers d’amélioration

Nicolas Sarkozy ne devrait pas regretter d’avoir reconduit le mandat de ministre de l’éducation de Luc Chatel, qui n’entend pas chômer au cours de son nouveau mandat.

Hier, il a lancé trois chantiers d’amélioration concernant les établissements de réinsertion scolaire, à savoir :

  • Le sport,
  • Les travaux d'intérêt général (TIG),
  • Les partenariats pour l'encadrement.

Les adolescents frondeurs devraient « réapprendre les codes sociaux élémentaires » avec le sport. Il est vrai que le sport est bien souvent le remède le plus simple et le plus efficace pour canaliser les jeunes aux comportements violents.

Il sera donc bâti, au sein des ERS, un véritable « programme pédagogique sportif spécifique ».

Concernant le deuxième chantier comportant les travaux d’intérêt général, qui relève plus de la sanction, ces travaux seront prévus dans une directive.

Luc Chatel a rappelé que cette mesure répressive doit être avant tout éducative. En effet, l’établissement de réinsertion sociale ne doit par être perçu pour le jeune délinquant comme une punition, mais bien comme une tutelle pour l’aider à se réinsérer.

Enfin pour l'encadrement, qui est le troisième chantier, ici aussi l’idée n’est pas de punir le jeune perturbateur, mais de lui fournir tous les moyens possibles pour l’accompagner vers sa réinsertion sociale.

Par ailleurs, les ERS revendiquent l’instauration d’une commission d’admission, pour éviter l’intégration de certains profils d’élèves qui ne seraient pas du tout adaptés aux établissements de réinsertion : « Choisir le profil des élèves de façon un peu plus pointue serait une bonne chose », avait indiqué le coordinateur de l'ERS de Craon, au sein duquel des incidents ont éclaté.

Un établissement de réinsertion scolaire donc à numerus clausus

Les établissements de réinsertion scolaire (ERS) : une scolarisation aménagée

Ces établissements accueillent des collégiens en difficulté scolaire et sociale. Le premier ERS a été ouvert à Nice en septembre 2010, et depuis, dix autres établissements ont ouvert leurs portes aux jeunes en difficulté.

Les établissements de réinsertion scolaire s'adressent à des collégiens perturbateurs au comportement violent, qui ne peuvent pas rester dans des collèges classiques. Ils leur proposent une scolarisation aménagée pour les réinsérer dans un parcours de formation générale, technologique ou professionnelle.

Les élèves accueillis sont donc mineurs, âgés de 13 à 16 ans, issus des classes de 5e, 4e et 3e, exclus à plusieurs reprises de leurs établissements d’origine et qui ne relèvent ni de l'enseignement spécialisé et adapté, ni d'un placement dans un cadre pénal.

Il revient à l'inspecteur d'académie, après avis d’une commission, d’affecter ou non un élève à un ERS. Un collégien ne pourra jamais être affecté dans ce type d’établissement sans l’accord de ses parents ou contre son gré.

A l’issue d’un an de scolarisation en ERS, la réintégration de l'élève dans son collège est mise en discussion par une commission départementale, en accord avec l'équipe pédagogique et éducative. A défaut de réintégration dans un collège classique, l’élève perturbateur poursuivra une seconde année d’étude au sein de l’ERS.

Les élèves en difficulté ne doivent en aucun cas être marginalisés et doivent pouvoir rebasculer vers un programme d’enseignement classique, aussi la formation dans les ERS est identique à celle dispensée dans un collège classique.

L’élève scolarisé dans un ERS bénéficie d’un projet pédagogique et éducatif adapté à son profil et peut :

  • Acquérir le socle commun de connaissances et de compétences
  • Prendre conscience de l'importance du respect des règles de la vie sociale et scolaire
  • Construire un projet de formation et d'orientation

L’élève est beaucoup plus encadré que dans un collège classique, et il existe un dialogue régulier et continu avec les parents.

L'organisation de la journée se découpe comme tel :

  • Le matin, les élèves bénéficient de temps d'enseignement dans diverses disciplines.
  • L’après-midi, des activités sportives, culturelles et des ateliers autour de la citoyenneté, de la santé sont organisés.
  • Fin d'après-midi sont mis en place un accompagnement éducatif et des ateliers

Les établissements de réinsertion scolaire sont pour la plupart rattachés administrativement à un établissement scolaire proche ou accueillis dans les annexes d'un établissement. Ils accueillent le plus souvent de 15 à 30 élèves en internat.

L'équipe d'encadrement des élèves est constituée d'enseignants et d'assistants d'éducation volontaires.