Loi d'autonomie des Universités : Où en est-on aujourd'hui ?

Publié par Documentissime le 18/06/2010 | Lu 6417 fois | 0 réaction

Beaucoup d'étudiants se souviennent encore de l'année scolaire 2007/2008 qui avait été ébranlée par un mouvement national de contestation à l'encontre de la loi relative aux libertés et responsabilités des Universités adoptée le 10 août 2007. Qu'en est-il aujourd'hui ? L'autonomie des Universités est-elle effective ? Une telle autonomie est-elle seulement possible en pratique ? La contestation sommeille-t-elle encore ? Autant de questions qui méritent de recevoir une réponse un an après les dernières manifestations.

Une autonomie en marche…

 

L’ambition de la loi relative aux libertés et responsabilités des Universités, appelée aussi loi LRU, était de « rendre l'université attractive », « sortir de la paralysie de la gouvernance actuelle » et « rendre la recherche universitaire visible à l'échelle internationale ». Une tâche difficile lorsqu’on sait qu’un étudiant sur deux échoue en première année, que 53% des diplômés bac +4 ne trouvent pas de travail en quittant l’Université et que 37% d’une classe d’âge accède à la Licence dans l’enseignement supérieur, contre 66% aux Etats-Unis.

 

Depuis le 1er janvier 2010, ce sont 51 universités qui sont passées à l’autonomie, soit 60% des universités françaises. En plus de l’autonomie budgétaire, les universités ont gagné de l’autonomie en matière de gestion des ressources humaines et bénéficient du nouveau système d’allocation des moyens qui repose sur leurs performances et leur activité. C’est au 1er janvier 2012 que l’ensemble des universités pourra, en plus des attributions déjà détenues, gérer ses propres biens immobiliers.

 

 

Une autonomie qui marche ?

 

C’est en tout cas ce dont se défend le gouvernement sur le site Internet mis en place pour présenter au public la réforme. Son arme ? Les chiffres. Pour l’Université de La Rochelle, le gouvernement affirme avoir vu son budget passer de 19,7 M€ en 2008 à 66,4 M€ en 2009. Quant à l’Université de Nancy 1, ses moyens de fonctionnement et d’investissement ont augmenté de 35,7%.

 

Reste que les chiffres ne mesurent pas tout ; la qualité de l’enseignement, l’efficacité de l’administration, le rayonnement à l’international,… sont des données bien difficiles à quantifier. Tous les ans, l’Université Jiao Tong de Shanghai publie ce qui est la référence en matière de classement des universités. Bien que ses critères soient critiqués, la première université à apparaître dans le classement en 2009 est l’Université Pierre et Marie Curie – Paris 6 qui figure en 40e position mondiale et en 6e position européenne. Pourtant, c’est bien l’une des ambitions affichées de la réforme LRU : « il n’est pas acceptable que notre pays ne soit pas en mesure de donner à ses universités les premières places dans les classements internationaux des meilleurs établissements » indique le site Internet du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.

 

Par ailleurs, la création des fondations universitaires a été ralentie avec la crise. Cette possibilité offerte par la loi LRU afin d’augmenter les ressources des universités n’est pas un franc succès. Pour le moment, les premières levées de fonds des fondations restent modestes, de quelques milliers d'euros à quatre millions d'euros. S’ajoute à cela une forte concurrence entre les fondations car, aujourd’hui, près d’une trentaine d’entre elles coexistent sur le territoire.

 

 

Une contestation toujours présente

 

C’était il y a un an ; des milliers d’étudiants défilaient encore dans les rues pour protester contre cette réforme. Aujourd’hui, des associations souhaitent toujours le retrait de la loi et faire entendre leur désapprobation. Le secrétaire général du Snesup-FSU, principal syndicat de l’enseignement supérieur et de la recherche, Stéphane Tassel, a déclaré au journal l’Humanité au début du mois que « jamais les universités n’ont été si peu autonomes et les enseignants et chercheurs autant contraints dans leur liberté  ! ». Le syndicat tente aujourd’hui de proposer un projet alternatif dénonçant « la mise en concurrence et l’individualisation de la reconnaissance, avec par exemple la mise en place de primes d’excellence, (qui) mettent à mal la démocratie universitaire ».