Les services publics : la honte de l'Etat ?

Publié par Julie TROUPEL le 16/12/2010 | Lu 6802 fois | 1 réaction

Un français sur deux serait prêt à payer plus d'impôts pourvu que les services publics, notamment en matière d'emploi, d'éducation et de santé, se refassent rapidement une santé ! C'est le constat rendu par l'institut d'études de marché et d'opinion (BVA) où le baromètre d'insatisfaction des français, concernant les services publics, est au plus haut. La palme du « fiasco » dans la gestion d'un service public revient à Pôle Emploi, pour lequel le taux de bonne opinion est seulement de 19%. Ce récent sondage remet sévèrement en cause la gestion de l'Etat de ses services publics et devrait les inciter à prendre des mesures, peut-être un enjeu en vue des élections de 2012 ?

Le baromètre BVA pour l'Institut Paul Delouvrier, pour la quatrième année, a été publié par le journal « Les Echos » et dévoilé par l’émission « service public » de France Inter, c’est donc un sujet qui suscite de l’intérêt auprès de l’opinion publique.

Alors que grand nombre de personnes est resté bloqué une nuit entière dans les aéroports, leur bureau de travail ou leur voiture, à défaut d’un service public efficace, les français n’ont pas hésité à critiquer ouvertement l’action de l’Etat en matière de services publics.

Le taux global d'opinions « positives » baisse cette année de 2 points et tombe à 41 %.

Classement des services publics

Concernant le taux global d'opinions « positives » quant aux politiques menées dans les domaines de services publics, sont cette année sur le podium, même si il n’y a pas de quoi pavoiser du fait que les deux premiers services publics en tête essuient malgré tout une perte de 4 et 5 points d’opinion positive :

  • Le service public de la police avec 58 % d’opinion positive
  • Le service public de l'environnement avec 55 % d’opinion positive
  • Le service public de la santé avec 51 % d’opinion positive

Le taux d’insatisfaction des français est tel, que 45% d’entre eux seraient prêt à payer plus d’impôt pour donner plus de moyens aux services publics.

Pour les français l’heure ne serait alors plus aux économies ou encore l’heure des économies au cours de la crise, a eu des effets négatifs sur l’efficacité des services publics. Pour Gaël Sliman directeur adjoint de BVA, l’institut de sondage : «Les Français ont beaucoup entendu parler depuis 2007 des économies à faire et des mesures prises. Certains ont désormais le sentiment que l'essentiel a été fait et qu'il ne faut pas forcément pousser plus loin ».

Taux de satisfactions des usagers directs en baisse

Le taux de satisfaction des usagers directs concernant les services publics, reste élevé mais affiche une baisse globale de 3 points, alors qu’il n’avait eu de cesse de monter au cours de ces trois dernières années.

Les français, selon Gaël Sliman, ne semblent pas critiquer le service public en soi mais bien la politique du gouvernement : « les critiques ne portent pas tant sur le travail des agents que sur la politique du gouvernement ; par exemple, je suis content de la police quand j'y fais appel mais je trouve la politique sécuritaire excessive. »

La délusion des français se fait sentir surtout concernant les services publics suivants :

  • Le logement (76% de satisfaction et moins 14 points)
  • L’environnement (73% de satisfaction et moins 9 points)

A l’inverse les usagers restent mitigés sur le service public de la justice et sont en revanche satisfaits du service des impôts, notamment du fait de leurs services en ligne.

Education et Emploi les deux services publics à revoir en priorité

La lutte contre le chômage reste l’attente prioritaire des français, pôle emploi remporte le bonnet d’âne dans ce classement, seuls 19% des sondés déclarent avoir une " bonne opinion" , 52% d'entre eux en sont "satisfaits" et il chute de 4 points depuis ces trois dernières années.

Par ailleurs les français estiment que l’école ne préparerait pas suffisamment les jeunes à la vie active, les satisfactions en matière d’éducation ayant reculées de 12 points.

Le projet de loi de finances pour 2011 s’est déjà attelé à perfectionner le service public de l’emploi.  Pôle emploi devra ainsi réaliser à compter de 2011 un : « second palier de refonte de son organisation et de son offre de service » aux demandeurs d'emploi et aux entreprises.

Pôle emploi devra viser une « personnalisation » accrue des dossiers.