La police expulse parents et enfants d'un cinéma

Publié par Documentissime le 19/04/2010 | Lu 7207 fois | 0 réaction

La semaine dernière, l'affaire d'un groupe de trois familles, expulsé d'un cinéma, par les forces de police, a soulevée de vives réactions. L'histoire se passe à Paris, où trois couples accompagnés de leurs neufs enfants, ont décidé d'aller voir le dernier dessin animé de Disney. Après avoir acheté leurs tickets auprès d'une caissière, la troupe se dirige vers la salle. S'apprêtant à y entrer, l'un des employés du cinéma les en empêche, du fait du jeune âge du plus jeune des enfants. Les familles sont finalement expulsées manu-militari du cinéma par des policiers, sans même obtenir le remboursement de leurs billets...

En effet, un arrêté préfectoral de Paris, datant de 1927 interdit aux enfants de moins de 3 ans l’accès aux salles de cinéma ; or la fillette n’a que 2 ans et 10 mois.

Malgré l’interdiction de l’ouvreuse, les parents, accompagnés de leurs progénitures, décident de passer outre, et s’installent dans la salle.

Les bandes annonces sont lancées, sans que le film s’ensuive.

Quelques minutes plus tard, trois policiers, lampes torches à la main, entrent dans la salle et les somment de sortir immédiatement de la salle.

Les trois familles sont escortées jusqu’à la porte. A leur sortie, ils réclament le remboursement de leurs places, d’un montant d’environ 100 euros, ce qui leur est refusé par le cinéma.

L’interdiction d’accéder aux salles de spectacle pour les enfants de moins de 3 ans

Le cinéma a, en l’espèce, appliqué un arrêté préfectoral de Paris de 1927. En effet, cet arrêté interdit aux enfants de moins de 3 ans d'entrer, à Paris, dans toutes salles de spectacle. Il se justifie par le fait que le son serait trop fort pour les enfants en bas-âge, et qu’il pourrait nuire à leur jeune ouïe.

De plus, leurs capacités de concentration excèdent difficilement les trente minutes.

Par ailleurs, les psychologues ajoutent qu’à cet âge-là, la frontière entre la réalité et la fiction est encore trop floue, et que certaines scènes peuvent être impressionnantes. S’ajoute à cela qu’une salle de cinéma peut être troublante pour un tout-petit, entre l’obscurité soudaine, un son puissant et une taille d’écran disproportionnée.

Enfin, il s’agit également de préserver le confort du reste du public.

Le directeur général du cinéma se défend en affirmant s’en être tenu au respect du règlement. Il a d’ailleurs précisé que ce règlement est affiché tous les cinémas de l’enseigne.

Une réaction disproportionnée ?

Certes, ainsi que s’en défend le cinéma, les employés, comme les policiers, n’ont fait qu’appliquer la Loi.

Cependant, toute la problématique porte sur le fait de savoir, si l’intervention de la police ne fut pas disproportionnée, au regard du délit commis.

En effet, on peut se demander ce qui aurait été le plus traumatisant pour un enfant de moins de 3 ans (et a fortiori pour un groupe de neuf enfants), entre l’escorte policière et la séance de cinéma…

De plus, aux vues des vives réactions des internautes, suite à cette affaire, bon nombre de parents semblent être en infraction. Ainsi, cet arrêté ne semble pas être appliqué si souvent...

Dans ces circonstances, l’absurdité de la méthode interpelle. La disproportion, dont elle accuse le coup, ne serait-elle pas le résultat d’un simple excès de zèle de l’employé qui a fait appel aux policiers, plutôt qu’une application machinale de la Loi ?

Les obligations du cinéma quant au remboursement des places

L’autre question épineuse reste celle du non remboursement des places. Si cette interdiction est si rédhibitoire, comment se fait-il qu’un billet ait était vendu à un petit bout de 2 ans et 10 mois ?

N’y a-t-il pas faute du cinéma, qui par l’intermédiaire de son caissier, aurait dû informer les clients, à la fois de l’interdiction d’accès à la salle des enfants de moins de 3 ans, mais également de sa politique de non remboursement des places vendues ? En effet, en tant que professionnel, le cinéma a une obligation générale d’information du consommateur, qui, si elle avait été respectée, une telle situation n’aurait pas eu lieu…

Par ailleurs, l’article L113-3 du Code de la consommation dispose que « tout vendeur de produit ou tout prestataire de services doit, par voie de marquage, d'étiquetage, d'affichage ou par tout autre procédé approprié, informer le consommateur sur les prix, les limitations éventuelles de la responsabilité contractuelle et les conditions particulières de la vente ».

Le cinéma peut-il assurer que cette obligation a été respectée ?

Face à une telle situation, on ne peut s’empêcher de se demander : Qu’est ce qui est le plus absurde finalement ? l’interdiction ? La méthode employée ? le refus de rembourser les places aux clients ?