Expertise Xynthia : un rapport aux zones d'ombre pour fixer les zones noires

Publié par Julie TROUPEL le 21/09/2010 | Lu 6472 fois | 0 réaction

Les experts mandatés par l'Etat après la tempête Xynthia pataugent pour s'entendre sur la délimitation des zones à risque d'inondation, dites « zones noires », et sur le nombre de maisons devant être rachetées par l'Etat. En effet, un nouveau rapport revoit à la baisse le nombre d'expropriations en fixant à 761 le nombre de maisons à vendre contre 945 dans le précédent rapport des experts.

L’expertise post Xynthia

Les experts ont remis un nouveau rapport le vendredi 17 septembre 2010 à Jean-Louis Borloo, rectifiant la cartographie des « zones noires » établie au lendemain du passage de la tempête Xynthia par les services étatiques.

Pendant trois mois, les experts se sont rendus dans les communes sinistrées et « ont fait une analyse quartier par quartier afin de définir les situations les plus dangereuses », selon un haut fonctionnaire local. Sur place, ils ont rencontré les maires et les associations de victimes, selon eux pour définir les zones noires, les experts ont « tenu compte des projets de sécurisation et autres ouvrages de protections que les élus locaux se sont engagés à réaliser ou à conforter au lendemain de la tempête».

Les experts ont fini par redéfinir la cartographie des « zones noires ». Le nouveau découpage est construit ainsi :

  • Dans les deux villages de l'Aiguillon-sur-mer et La Faute-sur-mer, plus que 761 habitations sont soumises à une procédure d'expropriation, alors qu’à l’origine 945 maisons étaient visées.
  • A l’inverse, dans le village de la Faute-sur-mer, 11 maisons initialement « sauvées », sont à présent concernées par la procédure d’expropriation.
  • A Faute-sur-mer, plus que 472 maisons sont en zones noires contre 600 initialement et à l’Aiguillon-sur-mer, ce ne sont plus 337 maisons qui vont être soumises à l’expropriation, mais seulement 289.

La nouvelle expertise va-t-elle provoquer des séismes ?

C’est le journal le Figaro qui a révélé au public ce nouveau rapport d’expertise. Pour le journal : « Ce revirement risque de susciter un nouvel épisode de confusion, alors que l'Etat a racheté plusieurs dizaines de maisons ciblées par la première cartographie et que de nombreuses promesses de vente ont été signées ».

En effet, toujours selon le Figaro, des maisons extraites de la zone noire par le nouveau rapport, auraient malheureusement déjà été revendues à l’Etat : « De source proche du dossier, on confie ainsi qu'une vingtaine d'habitations échappant finalement au zonage auraient d'ores et déjà fait l'objet d'une promesse de vente ».

Par ailleurs les services de l'État à l’origine du premier zonage de la Vendée, voient d’un mauvais œil la nouvelle expertise.

Le rapport a été présenté hier aux élus locaux dans un contexte passablement tendu. Philippe de Villiers, président du conseil général de Vendée,  a jugé le nouveau tracé « inacceptable » et l’a fait savoir par écrit au premier ministre.

Enfin, c’est le découpage en zone noire en lui-même, qui avait été remis en question par les habitants sinistrés et par les associations.

Benoist Apparu avait avoué que l’expression de « zone noire » était « inappropriée et incomprise ». Comme l’avait fait Jean Louis Borloo le 15 avril 2010, il a rebaptisé ces zones en « zones de solidarité », à savoir des zones qui ouvrent des droits. Il avait prédit qu’un nouveau périmètre aurait été ajusté à la baisse.

En tout état de cause, après la révolte des sinistrés contre la destruction massive de leurs habitations fixées zone noire, ils ont fini par garder la possibilité de vendre leur maison à l’Etat, s’ils trouvent ensemble un accord amiable.

Toutefois, que vont devenir ces maisons préalablement fixées en zone noire, puis retranchées de cette zone à risque mais d’ores et déjà vendues ? La question reste entière.

Petit rappel sur le phénomène Xynthia

La tempête Xynthia est une dépression météorologique majeure qui a balayé plusieurs pays européens entre le 26 février et le 1er mars 2010, causant un épisode de vents violents. La tempête a principalement touché l'Espagne le Portugal, mais aussi la France.

En France, la conjonction de vents violents et de fortes marées a donné lieu à une onde de tempête qui a occasionné d'importantes inondations dans certaines régions littorales, principalement en Charente-Maritime, en Vendée et dans les Côtes-d'Armor. La tempête Xynthia est considérée comme une des plus violentes et des plus meurtrières depuis les deux tempêtes de décembre 1999.

En Vendée, Xynthia a causée la mort d’une cinquantaine de personnes.

Les sénateurs ont pris très au sérieux cette catastrophe naturelle et ont préconisé un certain nombre de recommandations, afin qu’à l’avenir, les autorités aient davantage de moyens pour surmonter une tempête de l’envergure de Xynthia.