Echec et mat pour le réseau de piratage des codes de sécurité des téléphones portables

Publié par Documentissime le 27/09/2010 | Lu 7189 fois | 0 réaction

Cela faisait 10 ans qu'un réseau bien orchestré piratait les codes de sécurité des téléphones portables pour revendre directement à ses clients les déverrouillages des cartes Sim. Des employés d'opérateurs de téléphonie mobile participaient au réseau. Un marché illégal qui a rapporté des millions d'euros à ses organisateurs. L'enquête avait démarré il y a environ un an à la suite d'une plainte déposée à Marseille par SFR, qui suspectait des fuites dans sa propre structure. Elle s'achève aujourd'hui par un succès : le réseau a été entièrement démantelé par la police judiciaire.

Une enquête menée de main de maitre

Le procureur de la République de Marseille peut saluer le travail de ses officiers de police judiciaire, parvenus à démanteler tout un réseau de trafic en matière de téléphonie mobile.

Une conférence de presse sera donnée par le parquet de Marseille aujourd’hui à 14h30.

Dans le cadre de l’enquête sur le réseau de piratage des codes de sécurité des téléphones portables, la police judiciaire a interpellé neuf personnes, dont des employés d'opérateurs de téléphonie, aux quatre coins de l’hexagone.

L’enquête se poursuit désormais au-delà de nos frontières.  « On a coupé la tête française, mais l'enquête se poursuit » a expliqué le parquet.

Le réseau utilisait des systèmes de données en achetant des codes de sécurité directement aux opérateurs de téléphonie mobile. Des « taupes » travaillaient au sein des opérateurs, comme simple salarié ou cadre supérieur.

Ces taupes fournissaient au réseau les codes de sécurité en s’introduisant frauduleusement dans les données informatiques de leurs employeurs.

Les codes obtenus permettaient de désactiver les verrous de sécurité des téléphones, et étaient revendus sur des sites internet, qui eux-mêmes proposaient à la vente les codes de déverrouillage directement aux consommateurs.

La tête du réseau se cachait à Rennes. Mercredi dernier, les arrestations ont donc débuté dans cette ville pour se finir à Toulon, en passant par Belfort, Lille et Orléans.

Les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Marseille avaient déployé tous les moyens mis à leur disposition pour démanteler le réseau. Quatre spécialistes des nouvelles technologies étaient venus en renfort. Au cours de l’enquête de nouveaux moyens tels que la surveillance informatique et la "téléperquisitions", avaient été mis en place.

Aujourd’hui, le juge d’instruction a ouvert une information judiciaire pour vol en bande organisée et atteinte aux systèmes de traitement automatisé des données. 

Dans un article publié la semaine dernière sur notre site Documentissime, il était fait état des avancées promises par les opérateurs de téléphonie mobile en matière d’offres et contrats de téléphone.

L’article avait notamment révélé que les opérateurs envisageaient de rendre gratuit le déverrouillage d’un téléphone portable au bout de 3 mois d’utilisation.

Cette mesure aurait été un coup de poignard au juteux business de l’association de malfaiteurs démantelée.

Que risquent-ils ?

En France, le vol en bande organisée est une circonstance aggravante.

Ainsi, l’article 311-9 du Code pénal dispose que :

« Le vol en bande organisée est puni de quinze ans de réclusion criminelle et de 150000 euros d'amende.

Il est puni de vingt ans de réclusion criminelle et de 150000 euros d'amende lorsqu'il est précédé, accompagné ou suivi de violences sur autrui.

Il est puni de trente ans de réclusion criminelle et de 150000 euros d'amende lorsqu'il est commis soit avec usage ou menace d'une arme, soit par une personne porteuse d'une arme soumise à autorisation ou dont le port est prohibé. ».

Par ailleurs, aux termes des articles 323-1 et suivants du Code pénal, l’atteinte au système de traitement automatisé de données est également un fait punissable :

« Le fait d'accéder ou de se maintenir, frauduleusement, dans tout ou partie d'un système de traitement automatisé de données est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30000 euros d'amende.

Lorsqu'il en est résulté soit la suppression ou la modification de données contenues dans le système, soit une altération du fonctionnement de ce système, la peine est de trois ans d'emprisonnement et de 45000 euros d'amende. »

« Le fait d'entraver ou de fausser le fonctionnement d'un système de traitement automatisé de données est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende.

« Le fait d'introduire frauduleusement des données dans un système de traitement automatisé ou de supprimer ou de modifier frauduleusement les données qu'il contient est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende. »

Les membres du réseau risquent gros.