Débâcle de l'Equipe de France : Déontologie et responsabilité envers les sponsors

Publié par Documentissime le 22/06/2010 | Lu 7118 fois | 2 réactions

Manque de performances, insultes dans les vestiaires, grève lors de l'entraînement : le comportement des bleus inquiète et déçoit. Le gouvernement, par la voix de Roselyne Bachelot, a annoncé lundi, lors de sa rencontre avec les bleus, vouloir plus de déontologie de la part des joueurs. De leur côté, les sponsors prennent leurs distances avec cette équipe de France qui ne les représente pas au mieux... La poule aux oeufs d'or semble être devenue un vrai boulet pour ses plus proches soutiens.

Les sponsors ne veulent plus voir leur image associée à l’Equipe de France

 

Elle devait rapporter gros, cette équipe de France, pour l’ensemble des partenaires et marques qui se sont offert l’image des joueurs. Mais, face à la débâcle sportive et médiatique de l’équipe dans cette coupe sud-africaine, l’urgence pour les sponsors est de minimiser les pertes en dissociant leur image de celle de l’Equipe de France.

 

Les pubs mettant en scène des joueurs français héroïques semblent aujourd’hui en complet décalage avec l’image renvoyée du continent africain. Le Crédit Agricole a ainsi décidé de retirer d’urgence l’un de ses spots. De même, les affiches des restaurants Quick mettant en scène Nicolas Anelka ont été retirées. Alors que certains ne souhaitent pas communiquer sur le sujet, comme SFR, d’autres comme Carrefour, ont assuré leur soutien aux Bleus « dans les bons comme dans les mauvais moments ». Le groupe GDF-Suez a, dès hier, fait savoir qu’il ne pouvait « pas laisser les choses en l'état [...]. L'équipe de France donne une image trop dégradée du sport » et envisage de réexaminer « l'ensemble des lignes du contrat » qui le lie à la FFF jusqu'en 2014.

 

Ces sponsors ont déboursé des sommes astronomiques pour figurer aux côtés des bleus. Il convient donc de se poser clairement la question de la responsabilité des joueurs de l’Equipe de France dans cette affaire. Les contrats qui lient les joueurs à ces marques vont être étudiés de près afin de, peut-être, engager une éventuelle responsabilité des bleus ou de la Fédération française de football à l’égard des cocontractants.

En effet, il est fort probable que les différents contrats de sponsoring prévoyaient des clauses imposant à l’Equipe de France de respecter et promouvoir l’image des marques de leurs partenaires, ce qui semble vain aujourd’hui au vu du scandale entourant cette équipe. Des clauses qui en temps normal ne posent pas de problème et sont acceptées sans sourciller pourraient dans les prochaines semaines, révéler toute leur utilité et rappeler aux joueurs qu’ils ont une véritable responsabilité envers les sponsors qui s’associent à leur parcours.  

 

 

Bachelot prône plus de déontologie

 

Du côté politique, même son de cloche : l’indignation. Roselyne Bachelot, ministre des sports, a fait savoir, lors de sa conférence de presse, qu’elle comptait insister sur la rénovation éthique qui doit être opérée : « Je continuerai le combat de la moralisation financière du sport. Enfin, la déontologie : une charte de la déontologie avait été instituée dans le football en 2008. Elle a été foulée aux pieds. Je veux, avant une compétition internationale (l'Euro, le Mondial), qu'elle fasse l'objet d'une lecture solennelle et d'une signature non moins solennelle de chacun des joueurs. Cela n'a pas été le cas avant ce Mondial. Si un joueur ne veut pas s'y conformer, il ne doit pas être sélectionné ».

La ministre a également souhaité en parallèle recevoir le futur sélectionneur (Laurent Blanc) et entamer le combat de la moralisation financière du sport.

 

Une réforme qui devrait encadrer un peu plus la pratique du Football et rappeler aux joueurs leurs devoirs et obligations envers la fédération et la France dans les compétitions, et ramener un brin d’esprit sportif dans les vestiaires et sur le terrain. Certaines valeurs qui semblent quelques peu oubliées ces derniers temps…

 

Un audit externe

 

Afin de comprendre avec exactitude les faits entourant la désormais célèbre affaire des bleus, la ministre des sports lancera prochainement un audit externe. « Je procéderai avec un audit externe, par un cabinet indépendant, de tout ce qui s'est passé pendant cette Coupe du monde. Et les joueurs seront évidemment consultés, annonce la ministre. » Cet audit servira de base pour le grand chantier de la rénovation de la gouvernance.

Cette rénovation est une nécessité pour Roselyne Bachelot qui considère que la Fédération française de football est la seule responsable de la situation à la Coupe du monde. C’est pourquoi, après consultations avec le président, le Premier ministre et les responsables du sport français, Roselyne Bachelot devrait lancer « le chantier de la rénovation de la gouvernance des fédérations sportives ».

 

L’affaire des bleus marque désormais un tournant dans le football français, de l’aveu même de Roselyne Bachelot : « Rien ne sera plus jamais comme avant ».