Apéros géants Facebook : une initiative risquée ?

Publié par Documentissime le 21/04/2010 | Lu 6658 fois | 0 réaction

Facebook est le fer de lance, depuis quelques temps déjà, de groupes dédiés à l'organisation d'apéros gigantesques. Le but est de créer un groupe, proposant la tenue d'un apéro au sein d'une ville. Les personnes souhaitant y participer s'inscrivent alors comme membres. Si leur nombre dépasse un certain effectif, une date est une heure de rendez-vous sont fixées. Des milliers de personnes sont alors conviées à se retrouver dans un lieu de la cité pour partager, ensemble, l'alcool et les apéritifs qu'ils auront amenés

Ce nouveau mouvement, principalement suivi par une population jeune, ne fait pas l’unanimité chez les préfets. Certains d’entre eux ont d’ailleurs annulé des rencontres qui devaient se tenir sur leurs territoires.

Pour certains préfets et maires, les risques de débordement de ces manifestations alcoolisées sont trop importants. Beaucoup d’entre eux ont fait le choix d’interdire, voire de faire annuler ces rassemblements.

Des apéros géants interdits

La ville de Montpellier en est un exemple. En effet, la préfecture du Languedoc-Roussillon est venue interdire, via un communiqué, un apéro géant qui devait se tenir le 12 mai à 20H00 sur l'esplanade de l'Europe.

Le groupe, qui a séduit plus de 11 000 personnes, est malencontreusement organisé par un anonyme. En effet, celui-ci se fait appeler « Montpellier apéro ».

Le préfet de l’Hérault, dans son communiqué, annonce qu’un arrêté d’interdiction de ce rassemblement a été pris, du fait  « des troubles à l'ordre public que pourrait entraîner ce rassemblement de type "apéro géant", ainsi que des risques de sécurité sanitaire notamment à l'attention des mineurs et des jeunes, de sécurité civile et de sécurité routière, (...) de l'absence de déclaration préalable et d'organisateur identifié ».

La préfecture justifie également sa décision par le fait que cet évènement coïncide avec l'ouverture du festival international des sports extrêmes qui attire généralement des dizaines de milliers de personnes.

Suite à cette communication, « Montpellier apéro » s’est exprimé sur son groupe Facebook. « J'ai bien eu connaissance de la décision de la préfecture concernant l'Apéro géant à Montpellier. Tout d'abord, je précise que l'idée n'est pas de causer du tord à qui que ce soit, mais de créer un événement conviviale et agréable. (…) » Il conclue en demandant l’avis de ses membres sur la question de savoir s’il est nécessaire de changer la date et/ou le lieu, mais apparemment pas sur une éventuelle annulation.

Le préfet, qui symbolise la présence et la continuité de l’État dans le département, voit ses missions définies par l’article 72 de la Constitution du 4 octobre 1958.

Ainsi, « Dans les collectivités territoriales de la République, le représentant de l'État, représentant de chacun des membres du Gouvernement, a la charge des intérêts nationaux, du contrôle administratif et du respect des lois. »

En tant que représentant de l’Etat, le préfet doit veiller au maintien de l'ordre public et à la sécurité des personnes et des biens. Il a pour charge d’assurer la sécurité de ses concitoyens, notamment en traitant les situations d'urgence.

Face aux critiques et pressions des participants, certaines autorités semblent avoir trouvé la parade pour empêcher le rassemblement de ces apéros géants, autrement que par l’interdiction.

Des apéros géants annulés par leurs propres organisateurs

L’exemple a été montré en Bretagne, où l’organisateur d’un apéro à Redon s’est vu convoqué à la gendarmerie afin de lui expliquer les conséquences d’éventuels débordements.

Ainsi, les autorités lui auraient expliqué les risques de l’évènement et la responsabilité qu’il encourait en tant qu’organisateur de fait.

Cette intervention fut concluante, dans la mesure où l’organisateur Facebook a fini par annuler le rassemblement.

Un évènement similaire s’est produit à Nancy, puisque la police a fait savoir à l’organisateur que les frais de nettoyage, ainsi que les éventuelles détériorations et interventions des forces de l'ordre et secouristes seraient à ses frais.

Il est nécessaire de rappeler qu’en outre, l’article L.3341-1 du Code de la santé publique dispose qu’ « une personne trouvée en état d'ivresse dans les rues, chemins, places, cafés, cabarets ou autres lieux publics, est, par mesure de police, conduite à ses frais au poste le plus voisin ou dans une chambre de sûreté, pour y être retenue jusqu'à ce qu'elle ait recouvré la raison ».

Ainsi l’ivresse publique et manifeste est reconnue comme une infraction par notre droit français. Et l'article R.3353-1 du même code puni, cette infraction, « de l'amende prévue pour les contraventions de la 2ème classe » (de 22 euros à 150 euros).

Malgré cette série d’interdictions et d’annulations, reste à savoir si le mouvement sera suivi. Beaucoup de commentaires laissés sur Facebook manifestent le souhait des participants de se retrouver, malgré tout, pour un apéro facebook. En ce début de saison estivale, le bras de fer ne fait a priori que commencer…