Tickets restaurants : La fin des tolérances

Publié par Documentissime le 19/04/2010 | Lu 7479 fois | 0 réaction

Alors que les tickets-restaurants fournis par les entreprises sont censés permettre aux salariés de se nourrir la semaine durant leur pause déjeuner, il est devenu courant que ces derniers les utilisent également pour leurs achats personnels. Bien que longtemps tolérée, cette pratique se trouve aujourd'hui menacée. En effet, à compter du 1er mars 2010, les supermarchés se sont engagés à mieux respecter leurs obligations en la matière, notamment celles de la charte de 2009 et du Code du travail limitant l'utilisation des tickets-restaurants.

Les supermarchés limitent le paiement par ticket restaurant

Une charte signée le 12 février 2009 par les grands distributeurs précise l’utilisation des tickets-restaurants. Les tickets restaurants doivent normalement être utilisés pour l’achat de 6 catégories d’aliments: sandwiches, salades préparées ou composées et le meilleur pour la fin, plats cuisinés frais, surgelés ou en conserve.

Cette charte fait suite à la pression des restaurateurs sur les pouvoirs publics afin que soient mieux respectées, dans la pratique, les dispositions du Code du travail en matière de tickets-restaurants. En principe, effectivement, un salarié ne devrait utiliser que deux tickets-restaurants maximum par achat et il ne saurait être toléré qu’il effectue son plein de courses de la semaine avec ses tickets-restaurants.

Les tickets-restaurants sont pourtant peu utilisés par les salariés sur leur lieu de travail. Pas le temps d’aller au restaurant ou tout simplement pas envie de déjeuner au snack du coin. Pourquoi n’aurait-on pas le droit de se préparer un petit plat équilibré ? Doit-on nécessairement se nourrir de sandwiches ou de sodas ? Alors même qu’on nous rappelle à longueur de journée qu’il faut manger des fruits et des légumes, avoir une alimentation équilibrée et faire du sport, on limite l’utilisation des tickets-restaurants.

Malgré ces critiques et contestations, les supermarchés se sont engagés à ne plus accepter, à compter du 1er mars 2010, à respecter leurs obligations légales, à savoir :

  • n’accepter les tickets que pour l’achat d’un repas ou «de préparations alimentaires»
  • ne pas accepter plus de deux à la fois de la part d’un même détenteur
  • ne plus rendre la monnaie sur un ticket.

 

Quelle est la logique à cela ? Protéger les restaurateurs ? Maintenir les supermarchés ? En aucun cas, cela ne satisfait les bénéficiaires des tickets-restaurants. Réactions nombreuses pour un sujet qui pourrait paraitre anodin mais qui, en temps de crise et de difficultés financières, attire l’attention des français. Ce qui ressort des témoignages, c’est que cette évolution tend à favoriser les restaurateurs, n’encourage pas l’équilibre alimentaire et va faire perdre aux salariés du pouvoir d’achat car ce qu’ils dépensaient en tickets-restaurants pour leur courses personnelles, ils vont devoir le prendre sur leur budget, sur leur salaire directement.

Ce qu’en pensent les salariés

Réaction d’une salariée sur l’évolution prochaine relative à l’utilisation des tickets-restaurants : « Je suis très choquée de cette future réglementation. Qu'est ce que cela peut faire que le pauvre monde s'achète ses pâtes au supermarché avec des tickets-resto au lieu d'aller au restaurant ? Ce n'est pas par plaisir mais par nécessité économique que les gens font leur plein au supermarché avec leurs tickets. Bien sûr qu'ils préfèreraient manger dans de bons restos s'ils n'avaient pas besoin d'utiliser leurs tickets pour payer leurs courses de tous les jours. Au lieu d'acheter du poisson et des légumes pour les enfants, les consommateurs devront se contenter de sandwiches et de plats préparés, c'est vraiment une mauvaise nouvelle. Ce petit avantage permet d'améliorer l'ordinaire et ils vont le supprimer… ».

Un autre salarié indique que ses tickets restaurants lui permettaient de gagner environ 100 € sur son salaire et qu’il avait l'habitude de profiter de ses tickets pour acheter des produits frais, de la viande, du poisson, des fruits et des légumes. Avec cette nouvelle règlementation, les salariés vont, selon lui, se sentir obligés de manger des sandwichs et autres plats déjà préparés pour ne pas perdre les avantages de ces tickets. Pour lui, chacun devrait pouvoir utiliser comme bon lui semble ses tickets-restaurants.

En somme, comme à chaque fois qu’un changement s’amorce, d’un côté, on a le pour, de l’autre, le contre. Certains sont, en effet, favorables à cette limitation car ils estiment que l’usage d’un ticket-restaurant est lié à l’activité professionnelle. Les salariés ne doivent donc pas s’en servir pour leurs achats personnels mais les utiliser la semaine, notamment pour aller déjeuner au restaurant. Les restaurateurs sont principalement favorables à cette limitation qui permettra peut être de relancer leur activité mise à mal par la récente baisse de la TVA que les français ne retrouvent pas forcément en termes de baisse de prix.

D’autres, au contraire, ne comprennent pas cette évolution la jugeant défavorables aux salariés. En temps de crise, ils estiment, en effet, que cela va leur porter préjudice au quotidien, qu’ils vont perdre en pouvoir d’achat et être contraints d’acheter des aliments qu’ils jugent mauvais pour leur santé.

Pour information, une pétition a été lancée sur le site « mes opinions.com », elle rassemble 168 signatures au 1er février 2010 (mise en ligne le 23 janvier dernier).