MOBILISATION AUTOUR DE L'EMPLOI HANDICAPE : 13e édition de la semaine pour l'emploi des personnes handicapées

Publié par Documentissime le 18/04/2010 | Lu 7158 fois | 0 réaction

La semaine pour l'emploi des personnes handicapées qui se tient du 16 au 22 novembre 2009 est l'occasion de relancer la question de l'emploi de cette catégorie de travailleurs encore trop souvent victime de discrimination selon la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les discriminations et pour l'égalité). Le rapport 2008 de cette institution établit en effet que le handicap est le 2e critère de discrimination derrière l'origine.

L’initiative de cette réunion revient à l’ADAPT, association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées qui organisa la première édition en 1997. L’objectif est de sensibiliser les entreprises privées comme publiques à la problématique de l’emploi des handicapés et de mener des actions dans toute la France. Sont notamment organisés des forums pour l’emploi, des « jobdatings » sur le même principe que le speed-dating, des « handicafés » ainsi que des colloques, rencontres et conférences.

Aux côtés de l’ADAPT, on retrouve l’AGEFIPH (Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées), association privée au service des personnes handicapées et des entreprises, qui avait lancé l’année dernière son Plan de soutien à l’emploi des personnes handicapées pour faire face à la crise. Ce plan vient d’être prolongé jusqu’au 31 décembre 2011. Il a pour mission de soutenir les handicapés face aux conséquences de la crise sur leur emploi. Il prévoit notamment des aides financières, de formation professionnelle et d’accessibilité des entreprises. 135 millions d’euros sont mobilisés pour 2009/2010 et le plan vise à aider 20 000 handicapés demandeurs d’emploi.

 

La loi reconnaît le Handicap

 

La loi du 11 février 2005 est l'une des principales lois sur les droits des personnes handicapées depuis celle du 30 juin 1975 (loi d’orientation en faveur des personnes handicapées). Elle rappelle les droits fondamentaux des personnes handicapées et définit le handicap : « Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d'activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant ». Rappelons également que depuis la loi du 10 juillet 1987, les entreprises ont l’obligation de compter, parmi leurs collaborateurs, 6% de personnes handicapées. Cette obligation a été reprise par la loi de 2005.

 

Deux entreprises sur trois emploient au moins un handicapé

Les entreprises commencent à se mobiliser pour embaucher des handicapés. En effet, selon le deuxième baromètre "Emploi et handicap" de Réussir et MissionHandicap.com, deux entreprises sur trois emploient au moins un handicapé, contre une sur deux il y a six mois. Recruter une personne handicapée suppose un véritable engagement de la part des entreprises. Avec la crise, on pouvait craindre un recul des entreprises, or c'est justement le contraire qui s'est produit ces six derniers mois.

Toujours selon ce baromètre, établi pour Réussir-L'Express-Le Figaro et MissionHandicap.com, 66 % des sociétés de 20 salariés et plus emploient des personnes handicapées contre 45 % selon le premier baromètre datant du 4 mai 2009. La peur du gendarme n'est certainement pas étrangère à cette forte progression. A partir du 1er  janvier 2010, les entreprises n'ayant mené aucune action en faveur de l'insertion des personnes handicapées les trois années précédentes, seront sévèrement sanctionnées financièrement. Elles devront payer à l'AGEFIPH une pénalité annuelle égale à 1 500 fois le SMIC horaire (environ 13 000 euros), contre 400 à 600 fois aujourd'hui, multipliée par le nombre de personnes handicapées manquantes dans leur effectif.

L’année 2009 marque un véritable tournant. Les entreprises sont plus volontaristes face à l’emploi des handicapés et leurs compétences sont de plus en plus reconnues. Nous ne sommes plus dans une situation de rejet et de déni. Signe encourageant, en 2009, alors que le taux de chômage de l’ensemble de la population augmentait de 21 %, celui des travailleurs handicapés était seulement de 8 %. Cela provient sans doute des aides financières bénéficiant aux entreprises qui recrutent ou maintiennent dans l’emploi une personne handicapée, telles que par exemple :

  • La prime à l’insertion
  • La prime au contrat durable
  • La prime initiative emploi
  • Le forfait formation

Emmanuel Constans, le président de l’ADAPT, se dit confiant : "nous sommes à un tournant : la prise de conscience, autrefois individuelle, devient collective".

Le 13 novembre 2009, une charte de l’insertion professionnelle des personnes handicapées a été signée entre Nadine Morano, secrétaire d’Etat chargée de la famille et de la solidarité, et 31 entreprises du CAC 40. L'objectif est double :

  • intégrer les personnes en situation de handicap dans le projet de développement de l'entreprise et dans les processus et les pratiques managériales,
  • faire jouer la position stratégique des grandes entreprises avec leurs nombreux partenaires économiques et sociaux (filiales, sous-traitants, clients, administrations…) pour intégrer la question du handicap et de l'insertion professionnelle dans leur problématique de production.

 

Les Universités participent également à l’insertion professionnelle des personnes handicapées

Au niveau des Universités, la situation évolue également et le handicap est de plus en plus pris en compte. Par exemple, une convention avec quatre entreprises de premier plan (BNP-PARIBAS, SCHNEIDER-ELECTRIC, THALES et TOTAL) ainsi que Jean-Charles Pomerol, Président de l’université Pierre et Marie Curie (UPMC), vient d’être conclue pour une durée de  trois ans. Cet accord de 600 000 euros permettra à cette université un engagement plus important dans l’aide destinée aux étudiants handicapés qui sont aujourd’hui au nombre de 200.

Argument essentiel quand on connaît le manque important de travailleurs handicapés diplômés. Cet accord cadre prévoit notamment de favoriser l’insertion professionnelle des personnes handicapées et de mieux communiquer sur la possibilité pour ces dernières de continuer leurs études à l’université après le bac afin qu’elles puissent accéder en plus grand nombre à des emplois qualifiés.