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Grandes écoles : vers un meilleur accès pour les élèves défavorisés ?

Publié par Documentissime le 29/09/2010 | Lu 7742 fois | 0 réaction

« Je dois les convaincre » annonçait hier à l'Express, le ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, à propos des grandes écoles françaises. Le 8 octobre 2010, le ministre tentera de trouver un consensus avec toutes les grandes écoles en vue de favoriser leur accès aux étudiants les moins fortunés. En début d'année, le gouvernement voulait imposer à ces écoles au moins 30% d'élèves défavorisés. Ce quota avait été vilipendé par les grandes écoles, qui craignaient une baisse de leur niveau. En réponse, Valérie Pécresse avait commandé un rapport à l'Inspection générale. Hier, elle a dévoilé au journal l'Express les premières conclusions de ce rapport et a exposé ses idées.

Les conclusions et préconisations du rapport de l’Inspection générale

Introduire plus de boursiers dans les grandes écoles signifierait-il en baisser le niveau ?

A cette question le rapport semble répondre par l’affirmative.

Les boursiers auraient des résultats inférieurs aux autres, au moins dans les matières scientifiques.

Ainsi, contrairement aux idées reçues, les grandes écoles littéraires seraient moins discriminatoires que les grandes écoles scientifiques.

Toutefois, les difficultés des boursiers au cours des épreuves seraient expliquées, selon le rapport, par un difficile accès à la culture et aux codes sociaux et une absence d’aide à la maison, de par leur appartenance sociale.

Le rapport recommande une adaptation des concours d’entrée aux grandes écoles, ainsi qu’une préparation en amont de ces concours.

Ainsi, dès le début, il faudrait aider davantage les élèves en difficulté et éviter la ségrégation scolaire. Le ministre de l’éducation nationale s’y attèle avec l’accompagnement personnalisé, les internats d’excellence et les cordées de la réussite, mettant en relations les élèves des grandes écoles avec les lycéens.

En outre, le concours d’entrée aux grandes écoles devrait être plus juste. Cela ne signifie pas que le niveau d’exigence serait remis en question, mais que les écoles devraient rester un vecteur d’égalité des chances pour tous. L’anonymat est par exemple primordial pour ce genre d’examen.

Les préconisations du ministre de l’enseignement supérieur

Valérie Pécresse préconise aux grandes écoles plusieurs changements, notamment concernant la nature de leurs concours d’entrée :

  • Ouvrir les concours aux langues maternelles des candidats. Les étudiants d’origines étrangères devraient pouvoir utiliser leur atout et le concours d’entrée aux grandes écoles ne devrait plus se cantonner aux seules langues anglaise et allemande.
  • Conserver les écrits mais repenser les oraux. A l’image des pays anglo-saxons, il s’agirait d’axer davantage sur l’intelligence des situations et l’intelligence du candidat dans son quotidien.

Grandes écoles : une noblesse d’Etat ?

Pour le sociologue Pierre Bourdieu, les grandes écoles contribuent activement à reproduire des hiérarchies sociales.

Dans un rapport de 1989 (Pierre Bourdieu, Monique de Saint Martin, La Noblesse d’État. Grandes écoles et esprit de corps, Paris, Minuit, 1989), il avait dénoncé les inégalités d’accès aux grandes écoles en mettant l’accent sur l’origine sociale des élèves de ces institutions d’élites.

En effet, la plupart d’entre eux étaient issus des classes supérieures de la société.

Pierre Bourdieu avait fini par conclure que le concours d’entrée à ces grandes écoles était une épreuve inégalitaire, valorisant des savoirs qui seraient prioritairement ceux de la bourgeoisie.

Aujourd’hui, le rapport du sociologue n’est pas dépassé, puisque les autorités publiques ont constaté que la majorité des élèves des grandes écoles provenait encore de familles de cadres ou d’enseignants.

Mais cela doit changer : « Laisser moins de place aux déterminants sociaux, et plus à l'intelligence pure », préconisait hier Valérie Pecresse au journal l’Express.

En effet, le pourcentage des élèves issus de milieux défavorisés dans les grandes écoles est éloquent :

  • 22,9% dans les écoles d’ingénieurs,
  • 20,7% dans les écoles de commerce
  • 11,03% des effectifs de Polytechnique
  • 12,3% de HEC, l’école des hautes études de commerce.

Les pouvoirs publics avaient tenté d’atténuer ces inégalités sociales dans la répartition des élèves des grandes écoles, en imposant à ces dernières un quota à hauteur de 30% d’élèves boursiers.

Or, le 23 décembre 2009, la Conférence des grandes écoles (CGE), qui regroupe 220 des principaux établissements formant l’élite intellectuelle française, tels que Polytechnique, l’Essec et Centrale, avait annoncé qu’elle désapprouvait la notion de "quotas" et réaffirmait que les niveaux des concours devaient être les mêmes pour tous.

Aujourd’hui, Valérie Pécresse entend bien, par la voie du « consensus »,  revenir sur le sujet des discriminations dans les grandes écoles et permettre aux jeunes défavorisés une meilleure intégration.

L’exemple de Sciences Po

L’ouverture de Sciences-Po Paris à la diversité est une réussite.

L’institut d’études politiques de Paris ne fait pas partie de la Conférence des grandes écoles s’étant insurgée contre les quotas des élèves boursiers.

Ainsi, Sciences-Po a lancé en 2001 une politique de recrutement par un concours spécifique des meilleurs élèves des Zones d’éducation prioritaire (ZEP) concentrées dans les banlieues françaises.

Ce concours a été une réussite et la grande école n’a déploré aucune baisse de niveau au sein de son établissement.

Peut-être que d’autres grandes écoles françaises suivront son exemple …


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