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Expo Our Body : la justice a tranché, la culture doit se rhabiller

Publié par Documentissime le 17/09/2010 | Lu 7805 fois | 0 réaction

Après Marseille et Lyon, c'était au tour des parisiens en février 2009, de se rendre à l'espace Madeleine pour découvrir les vrais cadavres humains d'origine chinoise de l'exposition controversée « Our Body ». Cette exposition anatomique a fait l'objet de sévères critiques, notamment par l'ECPM, une association luttant contre la peine de mort qui a fini par revendiquer en justice l'interdiction de cette manifestation. Hier, la cour de cassation lui a donné gain de cause et a fermé définitivement les portes de l'exposition, la déclarant illégale puisque contraire à la décence et à l'intégrité des cadavres. Désormais, il vous faudra passer les frontières hexagonales pour contempler ces « corps ouverts ».

Une bataille judiciaire

30 millions de visiteurs en France et deux ennemis pour l’exposition anatomique qui présentait de vrais corps humains au public.

Tandis que les curieux continuaient de se rendre à cette manifestation, les deux associations réfractaires, associations de lutte pour les droits humains, ECPM et Solidarité Chine, assignaient devant le juge des référés la société « Encore Event », organisatrice de l’événement.

Le 21 avril 2009, le juge des référés du Tribunal de Grande Instance de Paris a donné droit aux associations et a laissé 24 heures aux organisateurs pour suspendre l’exposition « Our Body ». Le magistrat Louis-Marie Raingeard avait également ordonné la mise sous séquestre des corps humains litigieux, jugeant l’évènement contraire à la décence et à la loi de décembre 2008 qui étend aux cadavres la protection accordée aux personnes vivantes.  

Sous le joug de la censure, la société organisatrice « Encore Event » avait alors décidé de faire appel.

En dépit de l’animosité de la plaidoirie de l’avocate générale en faveur de la fermeture de l’exposition (« Le corps humain a le droit au repos » avait-elle déclamée), la cour d’appel de Paris avait été plus réservé mais avait tout de même ordonné la fermeture de l’exposition, le 30 avril 2009.

Dans l’arrêt de la cour d’appel, les juges n’ont en effet pas remis en cause la légalité d’une exposition au public de vrais cadavres humains, laquelle en soi ne va pas à l’encontre des dispositions du Code civil. Mais ils ont considéré que l’illégalité tenait plutôt au manque d’information sur l’origine des corps chinois exposés, certains les soupçonnant d’être les corps de prisonniers chinois sacrifiés. Tout au long du procès, les organisateurs n’ont effectivement jamais su démontrer l’origine de provenance de ces cadavres, mais certifiaient avoir obtenu toutes les autorisations utiles.

Suite à l’arrêt de la cour d’appel, la société organisatrice de l’exposition a formé un pourvoi en cassation.

Cependant, hier 16 septembre 2010, ce fut au tour de la première chambre civile de la cour de cassation de confirmer l’interdiction de l’exposition en estimant que l'exhibition de cadavres humains à des fins commerciales était indécente, et à ce titre illégale.

Ainsi, la haute autorité judiciaire se rallie au juge des référés pour attester que ce n’est pas tant la provenance et l’origine des corps présentés à l’exposition qui est illégale mais bien l’exposition en en elle-même.

En France donc, l’exposition de cadavres à des fins commerciales va à l’encontre du respect, de la dignité et des corps de personnes décédées, protégés par l’article 16-1-1 alinéa 2 du Code civil.

La science Vs l’éthique

L’exposition « Our Body à corps ouvert» en France a été présentée à Marseille, Lyon et Paris. Elle montre sur 1200 m2 une quinzaine de corps d'hommes et de femmes, entiers ou disséqués, préservés par des matières plastiques selon un procédé d'imprégnation polymérique.  

A Paris, c’est à l'espace Madeleine que l’exposition a été présentée, puisque la cité des Sciences et de la Villette et le Musée de l'Homme avaient refusé de l'accueillir à la suite d'un avis négatif du Comité national d'éthique.

Le ton est ainsi donné, l’exposition ne plait pas à tout le monde et s’achoppe sur des considérations d’ordre éthiques.

Maître Richard Sedillot, l’avocat des associations ECPM et Solidarité Chine avait déclaré à propos de l’exposition « Our Body » : « je trouve étonnant que l'on puisse aujourd'hui exposer en plein Paris des corps humains qui ont été dépecés, découpés et éviscérés dont on ignore l'origine et qu'on en fasse une source de profit ».

En face, les organisateurs de l’évènement ont déclaré quant à eux que c’est bien à la science que l’on oppose des arguments moraux : «  il n'y aucune atteinte au respect des morts, il ne s'agit pas d'une exposition artistique, il s'agit d'une exposition anatomique, pédagogique », s’insurge Pascal Bernardin, gérant de Encore Events.

En tout état de cause, dans cette affaire, il semblerait que ce soit l’éthique qui ait fini par gagner la partie.


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