Euthanasie en Suisse : Vers une réglementation plus stricte du suicide assisté, non au tourisme de la mort !

Publié par Julie TROUPEL le 16/11/2010 | Lu 8897 fois | 4 réactions

L'Euthanasie en Suisse est punissable en principe, mais dans les faits une personne peut prêter son concours à une autre personne en détresse pour l'aider à se suicider, pourvu qu'elle ne soit pas guidée par des motifs « égoïstes ». C'est bien le terme « égoïste » que le législateur helvétien emploie pour règlementer l'euthanasie dans son pays. Ainsi, une personne n'ayant aucun intérêt au décès d'une autre, peut l'assister librement dans son suicide. C'est pourquoi, de plus en plus d'étrangers viennent s'éteindre aux pieds des montagnes suisses. Face à ce triste constat, la Suisse, refusant de développer « un tourisme de la mort », entend prochainement revoir le texte concernant l'euthanasie, datant du XIX siècle…

La Suisse : le cimetière des éléphants ?

Plus de vingt français, se rendent chaque année dans les cantons suisses pour se suicider en toute quiétude…

Les suicides en Suisse commis par des étrangers, non habitants dans le pays, seraient passés de 91 en 2003 à 132 en 2007, selon un rapport de l'Office fédéral de la justice et de la police en date de 2009.

D’après un article publié en 2008 sur rue89, profitant de la législation laxiste suisse en matière d’euthanasie,  des associations, telles qu’Exit et Dignitas, appâteraient l’étranger avec des « Kit euthanasie ». En effet, Dignitas fournirait à ses clients un sac en plastique et une bouteille d’Hélium, pour rejoindre leurs aïeuls dans l’au-delà. Un Kit de la mort donc rapide, efficace et indolore…

C’est en effet pour se laver des scandales qui ont éclaboussés la Suisse, dus à la pratique de l’euthanasie par les associations, que son gouvernement veut procéder à une refonte du texte en matière d’euthanasie.

Une réglementation laxiste en matière d’euthanasie

Tout comme en France, le fait d’abréger les souffrances d’une personne, même à sa demande, reste en Suisse un fait punissable qualifié d’homicide atténué. (Article 114 du Code pénal Suisse).

En revanche, l’assistance au suicide, si elle n’est pas gouvernée par un mobile égoïste et donc qu’elle sert le seul intérêt de la personne voulant se suicider, est quant à elle autorisée chez nos voisins les suisses. (Article 115 du Code ci-devant énoncé)

Par ailleurs, le code éthique de l'Académie Suisse des Sciences Médicales (ASSM) laisse à ses praticiens une grande marge de liberté en matière d’euthanasie, il autorise ainsi: « la renonciation à la mise en œuvre ou arrêt des mesures nécessaires au maintien de la vie » (euthanasie passive) et l'« administration de substance pour réduire les souffrances et dont les effets secondaires sont susceptibles de réduire la durée de survie ». (euthanasie indirecte active).  

L’euthanasie en France

Le fait de donner la mort à son patient, quel que soit sont état de volonté, est un crime punissable par le Code pénal. Le médecin euthanasiant son patient, peut être poursuivi, selon le cas pour « meurtre », « non assistance à personne en péril » ou « empoisonnement ».

En France, l’article 38 alinéa 2 du code de déontologie médical français interdit au médecin de provoquer délibérément la mort du malade, à défaut il s’expose à de graves sanctions disciplinaires, telle que l’interdiction provisoire d’exercer. Selon les termes du code susvisé : « le médecin doit accompagner le mourant jusqu'à ses derniers moments, assurer par des soins et mesures appropriés la qualité d'une vie qui prend fin, sauvegarder la vie du malade et réconforter son entourage. Il n'a pas le droit de provoquer délibérément la mort ».