Enseignement : La semaine de quatre jours sur la sellette

Publié par Documentissime le 09/12/2010 | Lu 8330 fois | 0 réaction

La commission culturelle de l'Assemblée nationale a examiné, hier, un rapport parlementaire sur les rythmes scolaires. Ce dernier prône l'interdiction de la semaine de quatre jours. A également été remis en question la refonte de la journée et de l'année, tant dans le premier degré que dans le second. La délicate question du temps de présence des enseignants a par ailleurs été soulevée. Ce rapport d'information, qui alimentera la Conférence nationale à venir, devrait aboutir à la mise en place de diverses réformes à partir de la rentrée 2013…

La semaine de quatre jours avait été adoptée, à la rentrée 2008, par 95 % des établissements de primaire, suite à la suppression par l'ancien ministre de l'Education, Xavier Darcos, de l'enseignement le samedi matin et la possibilité laissée aux écoles de passer à la semaine de quatre jours ou de quatre jours et demi, avec classe le mercredi matin.

Lors de l'adoption en commission des Affaires culturelles et de l'Education de l'Assemblée nationale d'un rapport d'information sur les rythmes scolaires, le député PS du Nord, Yves Durand, a assuré hier que « la semaine de quatre jours est enterrée ».

Co-rapporteur avec le député UMP de l'Ain, Xavier Breton, Yves Durand a fait suite aux nombreuses critiques de chronobiologistes, des fédérations de parents d'élèves, de maires socialistes ainsi que de l'inspection générale de l'éducation nationale qui réclamaient que « l’intérêt de l’enfant » soit davantage pris en compte.

Rappelant qu'elle n'est pas une obligation, Luc Chatel, ministre de l'Education, de la jeunesse et des sports, interrogé mercredi 8 décembre dernier sur RMC, a préféré rester prudent en refusant de se prononcer sur la semaine de quatre jours.

Les rapporteurs se sont donc essentiellement appuyés sur les auditions de chronobiologistes.

Ces derniers étaient les premiers à préconiser « l’interdiction de la semaine de quatre jours », dans les écoles primaires. Ils jugent, en effet, les journées des enfants beaucoup « trop lourdes ». En outres, il fallait également, selon eux, « réduire la durée de la journée » en mettant en place un « plafond horaire quotidien ».

Le contenu du rapport d’information

Une réorganisation de la journée

La mission parlementaire a ainsi proposé de repenser l'organisation de la journée, en instituant notamment une heure d'étude surveillée pour tous les élèves et en intégrant l'aide personnalisée pour les élèves en difficulté dans le temps scolaire ordinaire.

La mission parlementaire pense que ces mesures favoriseraient la mise en œuvre, dans les écoles primaires, d'une « pédagogie réellement différenciée ».

Cette idée, soulignons-le, a souvent été avancée pour lutter contre l'échec scolaire.

Une modulation des horaires

Le rapport suggère, entre autres, de moduler les emplois du temps « selon l’âge des élèves ».

Les rapporteurs qualifient même « d'absurdité » le fait pour les élèves de trois à onze ans d’avoir des emplois du temps parfaitement identiques.

Concernant les collèges et les lycées, où les heures de cours dispensées sont nettement supérieures à la moyenne européenne, la mission prône une plus grande autonomie dans la gestion des horaires.

Ainsi, il conviendrait de les réguler par un « cadre national qui fixerait un nombre annuel maximal d'heures ».

Vers un raccourcissement des vacances d’été ?

Outre les mesures précédemment citées, le rapport demande également à ce que les vacances d’été soient raccourcies de deux ou trois semaines.

Rappelons que cette suggestion avait été lancée par Luc Chatel lors de la réflexion sur les rythmes scolaires.

Le rapport proclame ainsi le respect de l'alternance entre sept semaines de classe et deux semaines de vacances.

Des perspectives qui ont été purement et simplement rejetées par les professionnels du tourisme auditionnés.

Pour parfaire cette idée, la mission préconise un travail sur le « zonage » ainsi qu’une évaluation de l’impact économique de telles mesures.

Le temps de présence des enseignants

Ces diverses propositions s'accompagnent d'une réflexion spécifique sur la mission et le temps de présence des enseignants, du primaire comme du secondaire.

Un thème délicat mais présent, à droite comme à gauche, dans la préparation de l'élection présidentielle !

Sur ce point, les députés s’interrogent sur les contraintes que pourraient entraîner ces changements de rythmes pour les collectivités locales.

Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp-FSU, majoritaire dans le premier degré, partage les inquiétudes des députés.

Bien que favorable au constat du rapport, Sébastien Sihr se pose la question des moyens des collectivités et du ministère de l'Education.

Ce rapport d’information alimentera la Conférence nationale sur les rythmes scolaires lancée en juin dernier par le ministre de l'Education, Luc Chatel.

Cette conférence devra donc aboutir, au mois de mai ou juin prochain, à l’annonce de la mise en place de diverses réformes. Et ce, à compter de la rentrée 2013.

Les députés regrettent toutefois que la mise en place de réformes ne soit envisagée qu'en 2013.

Rejoints par l'Association des maires des grandes villes de France (AMGVF), cette dernière souhaite être rapidement reçue par le ministre de l’Education, Luc Chatel.